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12 février 2006

la vie CPE / j'aime Philippe Lançon

Chaque jour, chaque semaine, Pierre Marcelle et Philippe Lançon font encore de "Libération" le journal le plus digne du kiosque : leurs mots sont vifs, lucides, tranchants, ils redonnent envie de regarder devant. Leur intelligence libre produit de la joie, et leur pessimisme paraît encore une promesse. Lu dans le cahier "Tendances" du vendredi 10 février 2006, chronique  "Le goût des autres" ("La vie CPE") :

"(...) Le pouvoir propose une solution dans le désert du temps : la meilleure raison d'embaucher un jeune est la certitude qu'on pourra le virer le plus longtemps possible. Ce n'est enthousiasmant pour personne, mais certains affirment que ça marche. Des économistes, par exemple. Il en est aussi pour affirmer le contraire. Il est difficile de savoir quel économiste croire. Pour l'évaluer, il faudrait l'être soi-même. Et ce n'est pas une garantie, ça se saurait. Les économistes aussi doivent faire leurs preuves et l'Histoire semble indiquer qu'ils ratent plutôt l'examen. Cependant, ces économistes appartiennent à la catégorie de ceux pour qui l'erreur est comprise dans le contrat. On peut même dire qu'elle le détermine et le prolonge. A chaque erreur, il est renouvelé. Ses bénéficiaires ont le privilège d'expliquer aux autres quelles erreurs ils commettent et quelles preuves on attend d'eux. Dans la vie privée c'est pareil. On attend des autres qu'ils aient toutes les qualités qui nous manquent. On voudrait que ceux qu'on aime nous fassent rêver mais qu'ils nous fichent la paix. On veut des conjoints attentifs et surprenants, des amants surprenants et attentifs, de l'amour toujours, mais seulement quand on est disponible. Les seuls qui paraissent échapper à ce manège sont ceux dont plus personne ne veut. Pour les remettre en selle, on pourrait créer le contrat première débauche. Au premier licenciement, le chômeur aurait deux ans pour prouver qu'il mérite de ne plus l'être. A tout moment, on pourrait résilier ce contrat et renvoyer l'homme à son néant. L'idéal serait alors qu'il disparaisse, comme un amour de trop ; qu'il meure, peut-être. Car quand nous serons morts, nous serons enfin au point, prêts pour le contrat à durée indéterminée. Quand nous serons morts, nous ne gênerons plus personne, nous aurons l'avis favorable et la vie vaudra la peine d'être vécue." (Philippe Lançon)

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